L'Art Prend la Rue : L'histoire d'une (r)évolution artistique urbaine à Vannes
DES PASSIONNÉS ET UN BLOG : LES FONDATIONS VIRTUELLES
Tout commence en 2010 avec la rencontre de deux Vannetais passionnés d'art urbain : Laurent Sanchez, et Jérôme Le Franc. Ensemble, ils créent Street Art Avenue, un blog qui devient rapidement une référence dans le monde du street art. Le site s'enrichit grâce à Violaine Pondard, journaliste indépendante qui rédige les biographies d'artistes, puis Alain Tascon qui, par ses voyages et sa plume experte, deviendra dès 2017 l’administrateur et le principal contributeur du site.
LES PREMIERS PAS DE L'ART URBAIN À VANNES
L'année 2014 marque le passage du virtuel au réel. Jérôme Le Franc, sous le blaze OOX, réalise une première œuvre sur le port : une anamorphose d'Eric Tabarly. Dans la foulée, Laurent Sanchez invite le duo Zag & Sia qui crée "La Madone Ecclésia" près de la porte Poterne, avec le soutien inattendu de la municipalité. En 2015, c'est un coup d'éclat : l'artiste australien Rone, inspiré par sa rencontre avec la militante féministe vannetaise Bénédicte Lanfrey, réalise des portraits de femmes monumentaux face au Palais des Arts. Le maire David Robo commence alors à évoquer l'idée d'une friche artistique dans l'ancien bâtiment de la DDE.
NAISSANCE DE L'ASSOCIATION : UNE STRUCTURE POUR LES AMBITIONS
En janvier 2017, "L'Art Prend la Rue" voit le jour. L'association se structure avec Laurent Sanchez comme président, Jérôme Le Franc vice-président, Jean-Christophe Rochut trésorier et Bertrand Riguidel secrétaire. Violaine Pondard, Isabel Pugnière-Saavedra, Corine Jaillais et Alain Tascon complètent l'équipe des membres fondateurs. La mission est claire : questionner le droit de création dans l'espace public, sans demande de subventions publiques pour préserver leur indépendance. Le modèle souhaité est celui du mécénat privé.
UNE CASCADE DE PROJETS INNOVANTS
Les initiatives se multiplient rapidement. Le collège Jules-Simon accueille une fresque monumentale du Brésilien L7matrix en mars 2017. La jam session “Vannes et sa street” anime le tunnel du Palais des Arts avec des artistes locaux et nationaux en mai 2017. Le monde de l'entreprise s'ouvre à l'art urbain avec le duo Dourone (Fabio et Elodie) et l’artiste MIKA qui réalisent des fresques chez Ecodis à Saint-Nolff, alors mécène de L’Art prend La Rue. Le Duo Dourone reviendra en avril 2018 à Vannes pour peindre “Sonder”, un mur XL dans le centre ville
LA RECONNAISSANCE INSTITUTIONNELLE
Un tournant s'opère quand Françoise Berretrot, conservatrice du Musée des Beaux Arts, ouvre les portes du musée de la Cohue à l'art urbain en Octobre 2017. L'exposition "Hors Cadre", dont le commissariat est confié à Laurent Sanchez et Max Leyso, attire 25.000 visiteurs en trois mois, démontrant l'engouement du public pour cet art contemporain.
VERS DÉDALE ET AU-DELÀ
DéDalE constitue un chapitre marquant dans la jeune histoire de l'art urbain à Vannes. De 2018 à 2021, cette initiative majeure, portée par l'association L'Art Prend la Rue, transforme l'environnement culturel vannetais. Installé dans l'anciene Direction Départementale de l’Équipement (DDE), DéDalE a transformé 3600m² d'espaces abandonnés en un tiers-lieu mêlant lieu d'exposition, lieu de vie (avec le déDalE Café), lieu d’événements et de concerts. Si DéDalE occupe une place centrale durant ces années, l'association développe également d'autres projets créatifs significatifs, notamment le jam “Pass' Pass Paint” (3P)en septembre 2021. L'influence artistique du duo Dourone, de L7Matrix et de l’artiste RONE notamment, à travers la réalisation d'impressionnantes fresques murales en pleine ville de Vannes, contribue à définir l'identité de l'Art Prend La Rue. La documentation photographique minutieuse réalisée par Sébastien Le Gourriérec, qui a capturé l'ensemble des œuvres et leur évolution, constitue une archive précieuse de cette aventure artistique. DéDalE et les autres actions de l’Art prend La Rue s'imposent comme des exemples de fusion harmonieuse entre création urbaine contemporaine et ville historique, prouvant la capacité de Vannes à accueillir des formes d'art novatrices tout en préservant son essence patrimoniale.